Laetitia Roggeman

 

© Ana Brecenic

Après avoir obtenu son diplôme d'Architecture en 2018 Laetitia se tourne vers l’urbanisme qu’elle exerce au sein d’agences privées pendant sept ans et construit une connaissance solide des différents mécanismes d’habiter, de construire, ou de réparer les territoires.

En parallèle, elle développe une pratique autodidacte de la photographie argentique et questionne les outils à disposition des architectes et urbanistes au sein des agences; par la photographie elle travaille à compléter l’approche technique des projets afin d’intégrer à leur conception le patrimoine vivant, sensible et immatériel des territoires étudiés.

Sa pratique est dirigée vers l’élaboration de portraits de lieux où les interactions entre l’espace privé et public, entre l’espace bâti et naturel et entre les habitants et leur environnement quotidien, ont une place centrale.

Ce travail documentaire est mêlé à une approche artistique, notamment par un travail sur la géométrie des corps et des espaces mais aussi sur les matières et le mouvement.

Afin d’intégrer ses récits photographiques au projet urbain ou architectural Laetitia peut être amenée à croiser ses photographies avec des supports cartographiques ou illustrés.

Un premier portrait du Village Grüber réalisé pour la ville de Strasbourg en 2022 est à l’origine de sa démarche qu’elle construit depuis.
Elle est accompagnée par le collectif Item dans l’élaboration du portrait de l'occupation temporaire de la Filature à Villeurbanne où l’association RADE, dont elle est cofondatrice, s’est établie pendant 2 ans pour documenter les évolutions du quartier.


Village Grüber

Portrait réalisé pour la mairie de Strasbourg en Novembre 2022.

Travail sur la mise en avant de la matière photographique dans le diagnostic urbain où le regard croisé entre photographie, architecture et urbanisme permet d’aboutir un portrait complexe, à l’image du « village Grüber ».

Au premier abord Grüber semble rude, privé, fermé, secret. On y croise peu de gens dehors, les parcours sont sinueux, un sentiment d’égarement domine.

Trois jours sur site plus tard et le contraste est frappant: les intérieurs habités et vivants regorgent de richesses spatiales et humaines. Ce constat amène à questionner le premier regard porté sur les espaces extérieurs, ils ne sont pas vides, la vie s’y déroule à une autre vitesse, lente ou très brève, elle est moins perceptible si on ne s’y attarde pas.

«Ici tout est un espèce de folklore un peu bizarre.»

Les habitants de Grüber transmettent son histoire. Celle lointaine, proche de la légende, ainsi que celle contemporaine.

«Il y avait un tunnel qui traversait tout Strasbourg et un train qui ramenait la bière au bord du Rhin, un petit train, c’est vraiment tout un réseau de galeries.»

La photographie témoigne de la valeur sociale d’un village caché au cœur d’un quartier. Cette matière intègre le diagnostic et devient levier de projet urbain.

Quels risques à l’arrivée de la collectivité dans la copropriété du site ? Que peut apporter une institution publique dans un site au fonctionnement en équilibre ? Qui ou quoi préserver des changements inévitables à venir ?

«On ne sait pas ce que le site va devenir, ce que la mairie va faire, en vrai on se méfie un peu.»

«Ce qu’on aime ici par rapport à d’autres endroits comme le Bastion, c’est qu’on ne dépend pas de la ville, elle ne nous dit pas en fait là c’est le covid, on doit fermer, vous ne pouvez plus travailler.»

Portrait exposé pendant un mois dans la maison du projet, l’occasion de donner à voir la richesse d’un lieu en marge qui se prépare à l’impact de l’arrivée du tramway sur son identité de quartier.