Marine Lotz
Née en 1999, Marine Lotz suit des études d'histoire à l'Université Lumière Lyon II. Après la fin de son master en 2022, elle commence à travailler dans le milieu de l'art en tant que modèle vivant et modèle photo.
Elle se lance à son tour derrière l'appareil et développe un intérêt particulier pour les photoreportages notamment à travers le travail de Jane Evelyn Atwood. En janvier 2024, elle suit la formation courte "CHAMPIONNES" dispensée par le collectif ITEM et Dysturb. Elle crée son premier projet intitulé Les oiseaux de nuit de Parilly sur des lanceur.ses de poids, disque et marteau. La photographie est pour elle une manière de mettre en lumière des pratiques et personnes peu mises en avant. Actuellement, elle développe un sujet sur le Kinbaku Queer en mixité choisie aux côtés de l'association “Coven Cordes” à Lyon. Instagram : marine.lotz
Le Kinbaku Queer en mixité choisie, une nouvelle manière de penser les cordes
Le Kinbaku ou shibari signifie "attacher" en japonais. Ces termes correspondent à la pratique de lier un.e partenaire à l'aide de cordes dans le but qu'encordé.e et encordeur.euse ressentent des émotions et sensations. Cette pratique, différente du bondage classique nécessite de nombreuses connaissances et règles à la fois techniques mais également corporelles et psychologiques pour ne pas blesser le ou la partenaire encordé.e.
Lorsque l'on pense au Kinbaku, les premières images que l'on y associent sont souvent liées à la sexualisation de la pratique ou à l'aspect dominant.e/ dominé.e. De plus on garde souvent en tête l'image du duo hétérosexuel d'un homme qui encorde et d'une jeune femme attachée. Ainsi, même si ce schéma est le plus fréquent dans le milieu, il existe désormais des voix discordantes cherchant à casser ce principe. En effet, on retrouve de nouvelles associations de Kinbaku, différentes des associations traditionnelles comme “Coven Cordes” à Lyon. Cette association est particulière car elle réunie principalement des personnes Queer et se déroule dans un cadre de mixité choisie FLINT (Femmes, Lesbiennes, Inter, Non-binaires, Trans) excluant donc les hommes cis. Elle a été créée dans le but d’offrir un lieu sécurisant et sécurisé pour des personnes issues de minorités de genre ou ne sentant pas à l’aise au contact d’hommes cis. Cette association pallie donc en partie au manque de représentativité des personnes Queer ou Gender fluid dans le milieu des cordes. Elle offre également un cadre plus rassurant en mettant davantage en avant les pratiques de sécurité et de consentement. Enfin, bien que l'association fonctionne sur un principe de mixité choisie, elle prône l'accueil de toute personne voulant débuter les cordes, quelque soit sa morphologie, son physique ou son sexe.
Les oiseaux de nuit de Parilly
Le parc de Parilly accueille de nombreuses aires de sports. Parmi elles, des espaces peu connus dédiés aux lancers de marteau, de disque et de poids. Chaque soir, à côté du stade du Rhône parfaitement éclairé, des femmes et des hommes se réunissent pour s'entraîner dans la quasi obscurité. Relégué.es à la marge, iels viennent pourtant en tout temps et toute saison pour lancer. Que viennent-iels donc chercher dans leurs jets ? Plus qu'un lieu sportif, c'est un espace d'échappatoire et de plaisir pour ces lanceur.ses. C'est également un lieu de rencontre et de cohésion où différents univers professionnels et scolaires s'y rassemblent. Fréquemment associés à des stéréotypes de massivité, les sports de lancers restent peu médiatisés et sponsorisés car ils n'entrent pas dans les critères de sportivité classiques. Pourtant, plus que de simples jets de puissance, ce sont des sports très techniques plein de finesse que le public ne soupçonne pas.
Cette série photographique se veut être une ode à ces sportif.ves de la nuit qui tournoient par tous temps au milieu de l'obscurité.
Poème annexe 1
A la nuit tombée, le parc de Parilly s'anime d'une étrange danse.
Sur l'étendue verdoyante, des oiseaux s'élancent et virevoltent dans les aires de lancers. Une immense torche les éclaire pour les aider à porter.
De quoi viennent-ils se délester ?
Leurs masses volent au loin, au plus loin, peut-être jusqu'à la liberté.
Souffles et cris poussés, bras jetés ventre serré, les oiseaux dansent la légèreté.
Lancer pour se débarrasser, lancer pour se reposer.
Bientôt c'est l'heure de rentrer.
Un élan, un dernier puis de larges mouvements
Pour certain.es comme Julie, Axel ou Florella, la valse reprendra demain.
Sans cesse éloigner les poids de la pensée puis recommencer à la nuit tombée.