C’est une capitale qui ne ressemble à aucune autre. Il y a dix ans, Naypyidaw devenait officiellement la première ville de la Birmanie, aux dépends de Rangoon. Perdue dans un no man’s land, au milieu des rizières, l’immense ville construite de toutes pièces par la junte militaire s'étend sur un territoire équivalent à soixante-dix fois la surface de Paris intra-muros. Elle est habitée, selon les chiffres officiels, par près d'un million de personne. Impossible de s'y déplacer à pied. Tout est immense, gris, carré. Et vide.
La construction de Naypyidaw, histoire absurde d'une ville absurde, incarne à elle seule la paranoïa et la mégalomanie des militaires qui dirigent le pays. Elle a été érigée dans le plus grand secret. Les militaires ont déplacé les administrations et les fonctionnaires du jour au lendemain, sur les conseils de leurs astrologues privés. Depuis dix ans, la nouvelle capitale alimente les rumeurs les plus folles.