Une forêt

Dialogue texte et photographies, le projet Une forêt a d’abord été pensé en vue d’une édition. Il relate la traversée silencieuse de Jeanne, victime d’un attentat qui a percuté toute la société française le 13 Novembre 2015 au Bataclan. Quelques mois plus tard, elle est de nouveau confrontée à la mort : son père se suicide et sa vie vole en éclat une seconde fois. Parce qu’elle doit se défaire des évènements, Jeanne consigne ses pensées dans son journal comme elle le fait depuis l’enfance. Ses mots sont bruts mais en elle, une impossibilité de raconter la boue dans laquelle son esprit s’enlise depuis les événements. A travers l’allégorie de la forêt, j’ai donné corps aux questions de mémoire traumatique et de résilience que la jeune femme traversait. La forêt tient le rôle principal et l’histoire prend place dans un rapport charnel à une nature inquiétante et sensuelle. Les souvenirs et les images, impossibles à dire, ont été traqués à travers les paysages, les gestes, le corps. L’ensemble reconstitue le parcours de Jeanne dans son processus de guérison et de reconstruction.

Ce travail existe aujourd’hui sous plusieurs formes. Le livre d’abord, a été édité en 2020 et vendu à 150 exemplaires (épuisé). Il est constitué de quatre carnets de tailles différentes et liés entre eux par leur couverture, engageant ainsi à̀ chaque livret, un nouveau chapitre dans la vie de Jeanne. L’exposition est constituée d’environ 16 photographies et est accompagné d’une création sonore de 13 minutes réalisée par Elisa Monteil ainsi que de l’ouvrage imprimé contenant l’intégralité du texte de Jeanne.

 

 

Les filles de dieu

Savitha, Sangeena, Sathana, Geetha, Rossi, Seethal et Srija font partie de communautés transgenres de Pondichéry et du Tamil Nadu. On les appelle les « Thirunangais », ce qui signifie en tamoul les « filles de Dieu ». L'Inde reconnaît l'existence d'un troisième genre depuis 2014 et a dépénalisé l'homosexualité quatre ans plus tard. Cela laisse à penser que, petit à petit, des changements allaient s'établir à l'intérieur de la société indienne. Mais le quotidien des nombreuses Thirunangais témoigne d'une tout autre réalité. Rejetées par leurs propres familles, souvent battues, violées et exclues du marché du travail, elles survivent grâce à la mendicité, la prostitution et les liens de solidarité qui unissent leur communauté. À la fois craintes et vénérées, puisque la religion hindoue leur prête des pouvoirs de bénédiction, de guérison et de fertilité, elles occupent ainsi une posture paradoxale.