LEIPZIG, L'UTOPIE NEO-HIPPIE

A 34 ans, Suzie, cheveux jusqu'a la taille et pantalon pattes d'eph, est la plus jeune proprietaire d'immeuble de Leipzig. Elle possede 800 metres carres sur 5 etages, achetes une bouchee de pain a la ville qui voulait raser le batiment. De cet espace, elle a fait une maison ouverte, ou cohabitent etudiants, artistes, salaries et vagabonds de passage.

Dans la meme rue, a quelques centaines de metres, un groupe d'amis, espagnols et allemands, ont investi tous les etages d'un grand immeuble. Ils payent un loyer derisoire a un proprietaire coulant, contre quelques travaux de rehabilitation.

Vingt cinq ans apres la chute du Mur de Berlin, et la fuite de nombreux habitants a l'Ouest, Leipzig, ancien centre industriel de la RDA, compte encore de nombreux espaces vides ou a rehabiliter. Ces lieux, les habitants les ont transformes en « house project », sorte de maisons collectives ou ils inventent d'autres manieres de vivre, moins cheres et en communaute.

Ces house projects se creent de differentes manieres. Parfois, c'est un proprietaire soutenu par la ville, qui loue son bien a des jeunes fauches contre des petits travaux. D'autres, ce sont cinquante personnes qui achetent un immeuble ensemble et le divisent ensuite en appartement. Leur objectif ? Retirer ces biens du marche immobilier et de la convoitise des speculateurs et faire en sorte que l'on puisse, pour longtemps, se loger pas cher dans la ville.

Leipzig compte une cinquantaine de « house projects ». Pour sa creativite, la ville s'est gagne le surnom de « nouveau Berlin ». Mais alors que la capitale allemande se gentrifie a toute allure, Leipzig espere rester longtemps un terrain de liberte et d'inventions.