Entre 1969 et 1973, 1 050 hectares du parc national des Volcans au Rwanda ont été défrichés pour faire place à des plantations de pyrèthre, un insecticide naturel puissant. Aujourd'hui, ces fameuses plantes ne peuvent plus pousser au pied de la forêt mystique des Virunga, en raison du changement climatique et de la surpopulation. Le gouvernement a décidé de restaurer les arbres endémiques et les gorilles des montagnes à travers un projet d'extension du parc, estimé à plus de 255 millions de dollars. Le parc national des Volcans, créé en 1925, est le premier parc national en Afrique. C'est l'un des rares endroits où l'on peut observer les derniers gorilles des montagnes. Un safari pour passer une heure à leurs côtés coûte 1 500 dollars par personne. Le parc borde également la frontière sensible avec la République Démocratique du Congo (RDC), où un conflit fait rage derrière la chaîne volcanique. Des groupes rebelles armés sont en effet établis dans les Virunga, côté RDC, obligeant l'armée rwandaise à accompagner les touristes lors de leurs safaris.
Dans l'un des pays africains à la densité de population la plus élevée par kilomètre carré, la population augmente rapidement, et les villages remplacent les anciens champs de pyrèthre. À la suite de ce projet d'extension, de nombreux habitants doivent abandonner leurs terres et leurs maisons. Ils sont alors relogés dans des villages dits « modèles », construits de toutes pièces par le gouvernement. Bien que, depuis 2005, l'État rwandais consacre près de 10 % des revenus du tourisme à l'investissement dans les infrastructures pour les habitants locaux, cette expropriation perturbe profondément le mode de vie des villageois, les privant de leurs pratiques agricoles.
Produit pour La Vie avec la journaliste Margaux Solinas.