La famille Ciurariu vivait au foyer de jeunes travailleurs des Près-Saint-Jean à Alès dans le Gard, structure accueillant une majorité de ressortissants étrangers dont une trentaine d'origine roumaine. Lorsque la municipalité décide de rénover le bâtiment, une partie de ses habitants est relogée, et une autre partie fait l'objet d'une "aide au retour humanitaire" dispensé par l'ANAEM (appelé aujourd'hui, l'Office Français de l'Immigration et de l'Intégration).
Tsigane d'origine roumaine, de la région du Timis, Rémus, Liliane et ses enfants sont aussi expulsés du territoire. Rémus et d'autres pères de famille font le voyage par la route et, mères et enfants rejoignent l'aéroport de Garon près de Nîmes et embarquent parmi 123 passagers roumains à bord d'un charter qui les mène à Timisoara.
Quatre mois plus tard, lors de la rentrée scolaire, en septembre 2008, la famille, alors constituée de 10 membres, revient à Alès. Les enfants reprennent l'école, Adrian entre en 6ème, l'aîné Florin et sa femme Monica, qui ne sont plus scolarisés, sont pris en charge par l'assistance sociale de Nîmes à la suite de la naissance d'Armando. Rémus et Liliane, se logent dans la Citroën "Évasion" avec les plus jeunes de leurs enfants jusqu'à ce que l'hiver arrive et qu'il ne soit plus possible de vivre dans une telle précarité. Solidaires, les proches de la famille les accueillent ici et là en attendant mieux.
L'année qui suit, toute la famille vivra en caravane à la Grand-Combe près d'Alès, sur l'ancien carreau de fosse de la mine de charbon de la ville. Le quotidien se réorganise et une certaine stabilité permet aux plus jeunes de leurs enfants d'aller à l'école.
J'ai suivi cette famille sur une période de trois ans, de leur retour de Roumanie, jusqu'à la Grand-Combe, pour documenter leur parcours au quotidien.