À Calais, près de 65 kilomètres de clôtures barbelés dentellent la ville. Depuis les accords du Touquet signés en 2003, on assiste à une externalisation de la frontière britannique sur le sol français. L’Angleterre a versé plus de 170 millions d’euros à la France pour la sécurisation de sa frontière face à l’arrivée de migrants dans le Pas-de Calais.
La ville, avec le soutien de l’État, a mis en place une politique de répression envers les centaines d’exilés toujours présents à Calais. Les forêts où s’établissent les camps ont été systématiquement évacués, rasés puis clôturés. Autour du port et de l’Eurotunnel, des murs et des clôtures barbelées parfois électrifiées ont été installés pour empêcher que les migrants ne s’y introduisent. Ces dispositifs touchent aussi les Calaisiens qui sont privés de certains espaces verts et subissent eux aussi cet univers clôturé dans leur quotidien.
Les 30 kilomètres entre Calais et Douvres étant devenu quasiment infranchissables, les exilés prennent de plus en plus de risques pour traverser le détroit, notamment en utilisant de petits bateaux. Selon la préfecture maritime, en 2021 plus de 12 000 personnes ont tenté de traverser la Manche en bateaux, contre environ 2 300 en 2019. En 20 ans, plus de 346 exilés sont morts en tentant de rejoindre l’Angleterre.
Calais, mars 2020 - Novembre 2021