Le réveil de la résistance

Rexistance est née d’une volonté commune de travailler ensemble autour d’une thématique qui traverse les préoccupations et les travaux de chacun des membres du Collectif item et de We Report. Au-delà d’une opposition visible, souvent violente, visuelle, ponctuelle et médiatisée, il existe une résistance plus sourde, moins clairement exprimée, moins identifiable. Une forme de lutte qui s’avère nécessaire pour construire d’autres possibles, pour imaginer l’avenir autrement et qui intéresse particulièrement les photographes et les journalistes des deux collectifs.

 

 

Parfois, les enjeux sont économiques, lorsque des habitants résistent à la précarité par la débrouille ou des salariés réinventent leur entreprise pour sauver leurs emplois, mais ils sont aussi d’ordre politique lorsque des citoyens multiplient les initiatives pour contrer l’expansion de l'extrême droite.

Résister c’est aussi esquisser une autre France, où la corruption n’est plus la règle; une France où les enjeux écologiques priment sur l’intérêt économique et où de grands groupes industriels ne peuvent plus polluer ou nuire à la santé publique en toute impunité.

Ces luttes qui se mènent au nom de l’intérêt général et qui poussent certains de nos concitoyens à sortir de l’ombre pour « lancer l’alerte » demandent du courage, de la persévérance, voire de l’abnégation. Même si parfois l'arme la plus efficace peut simplement être l’humour.

 

Au fil de leurs reportages, photographes et journalistes s’approprient ces différentes problématiques, avec la conscience collective de porter la voix de ceux que nous rencontrons mais aussi de faire entendre la nôtre. Car Rexistance traduit également notre volonté de nous affirmer en tant que structures indépendantes dans un paysage médiatique bouleversé, caractérisé par la concentration des médias et la précarisation des métiers de photographes, journalistes et documentaristes.

 

 
Résister c’est aussi esquisser une autre France, où la corruption n’est plus la règle
© Morgan Fache

© Morgan Fache

 

Pourquoi un néologisme ?

Rexistance  évoque dans sa construction sémantique une volonté de s’émanciper d’un terme galvaudé et qui fait du moindre refus, de la plus petite opposition une nouvelle résistance. Notre travail ne s’inscrit pas dans cette logique, pas plus qu’il ne tisse de liens avec une résistance historique, celle qui s’écrit aujourd’hui avec un R majuscule. 

En revanche, notre intention est d’explorer un territoire où un nombre croissant de citoyens décident de résister pour exister dans une société marquée par le délitement du corps social, l’accroissement des abus et des injustices ou encore la radicalisation des extrêmes.

Si certains combattent ces maux parce qu’ils menacent les fondements même de notre démocratie, pour d’autres, il s’agit simplement d’exister pour résister à l’état des choses, aux bouleversements et mutations souvent confuses et anxiogènes de notre époque.

Certaines résistances engendrent l’immobilisme, mais d’autres favorisent l’émergence de nouveaux modèles porteurs d’espoir. Notre projet a l’ambition de montrer ces luttes qui traduisent une volonté de faire face, d’être actif, une envie profonde d’entrer en «Rexistance».