Je suis arrivée presque par hasard en Afghanistan à 25 ans. Je voulais renouer avec un rêve d’adolescente, être correspondante de guerre. Un ami journaliste m’avait dit ‘‘vas-y, l’Afghanistan c’est bien pour commencer’’. Partie pour un mois, je parcours le pays les quinze années qui suivent.
Mon expérience afghane m’a façonnée et fait aujourd’hui pleinement partie de mon identité de photographe. J’ai été profondément touchée par le pays, les gens rencontrés et j’y porte un regard empli de tendresse. De cette grande aventure, je ne rapporte finale-ment presque aucune photographie de combats. Au contraire, loin du sensationnel de la guerre c’est la fragilité du quotidien qui n’a cessé de me fasciner.
Depuis 2007, en marge de mes reportages pour la presse, j’alimente cette série en constante évolution. Dans ce travail au long cours, je cherche à mettre en exergue le malaise ambiant et la détresse latente qui règne dans le pays, à travers le spectre de situations ordinaires, de moments d’entre-deux où la tension est tangible, les émotions perceptibles, mais le conflit rarement visible. Au fil des années, le corpus d’images dresse le portrait d’un Afghanistan – le mien, pudique.